Trouver un autre emploi en pleine crise? C’est possible. Contrainte de fermer sa maison d’hôtes, Bieke a postulé via Randstad comme contact tracer. « Très vite, on a accepté ma candidature. J’étais euphorique en apprenant la nouvelle! »
Bieke gère des chambres d’hôtes au cœur de Bruges, mais a dû fermer son établissement dès le 15 mars. Dans un premier temps, elle en a profité pour effectuer des petits travaux de rénovation, mais peu à peu l’idée d’un changement de carrière a fait son chemin dans son esprit. Lorsqu’elle a appris que les contact tracers pouvaient jouer un rôle clé pour contenir la pandémie, elle a décidé de s’informer. Au lieu de rouvrir tout de suite sa maison d’hôtes, elle a accepté une mission de traçage de contacts.
qu’est-ce qui vous a motivée à faire le pas?
« Je voulais faire quelque chose d’agréable, mais aussi d’utile à la société. Ce défi me séduisait et je suis très heureuse d’avoir pris cette décision. Notre tâche consiste à expliquer aux gens l’importance de nous transmettre les informations concernant leurs contacts. Ce sont des données qui aident vraiment à maîtriser le nombre d’infections. Cela fait plaisir quand on parvient à convaincre les gens au cours de l’entretien. Ce travail convient tout particulièrement aux personnes qui font montre d’empathie et veulent jouer un rôle social. »
avez-vous été surprise de trouver un autre emploi aussi facilement en temps de crise?
« Lorsque le gouvernement a abordé la question du déconfinement, il s’est tout de suite avéré que le tourisme et l’horeca devraient patienter encore quelque temps avant de reprendre leurs activités. Mon mari a un travail très prenant et mon fils combine aussi ses études avec un job. Pour ma part, je n’avais rien d’autre à faire que quelques travaux de peinture, c’est pourquoi je me suis dit qu’il me fallait chercher autre chose pour m’occuper. Je suis très heureuse d’avoir contacté le bureau d’intérim et quand on m’a dit que je pouvais commencer, j’ai presque bondi de joie. »
comment se déroule votre travail concrètement?
« Quand un médecin généraliste constate qu’une personne a été contaminée, il insère celle-ci dans une base de données. Nous passons alors un coup de fil au patient pour lui demander les coordonnées des gens avec qui il a eu des contacts récemment. Ensuite, nous téléphonons à ces personnes pour les informer qu’elles ont peut-être été en contact avec quelqu’un de testé positif au Covid-19. Nous leur demandons de s’isoler et leur faisons des recommandations en la matière. Cette procédure – entièrement anonyme – permet d’arrêter les contaminations. »
quelles difficultés rencontrez-vous pour transmettre ce message?
« J’avais déjà acquis une expérience en matière de contacts téléphoniques dans des emplois précédents, mais il est vrai que ce travail est un peu particulier. Certaines personnes ont une réaction de panique. Quand les tests n’étaient pas encore aussi nombreux, on incluait dans la base de données des personnes dont les médecins généralistes n’avaient qu’une forte suspicion d’infection. Dans ce cas, il n’est pas toujours facile de donner la nouvelle. Les réactions sont très variées: des jeunes qui ne se rendent pas compte de la gravité de la situation aux personnes âgées qui s’affolent immédiatement. On apprend beaucoup de choses dans ce travail, entre autres comment agir de façon résolue quand les gens ne veulent pas prendre le temps de discuter. Heureusement, nous recevons une formation et de nombreux conseils sur la façon de s’y prendre correctement. On nous donne beaucoup d’informations précieuses sur la problématique. »
que conseilleriez-vous aux personnes qui ont du mal à décrocher un nouvel emploi en ce moment?
« C’est très pénible pour un demandeur d’emploi de s’entendre dire partout que les recrutements sont interrompus à cause de la crise. Je leur recommanderais d’envisager le travail intérimaire, car c’est aussi de cette façon que j’exerce mon travail actuellement. Une mission temporaire est un bon moyen de continuer à gagner de l’argent et d’éviter que votre CV ne présente des périodes vides. Vous montrez en outre à des employeurs potentiels que vous n’êtes pas resté les bras croisés. Pourtant, je constate que les demandeurs d’emploi négligent souvent la piste du travail intérimaire. Malgré la crise, les bureaux d’intérim ont repris leurs activités. Je conseillerais à tout le monde de contacter un bureau et d'avoir un entretien. Les contacts avec les consultants sont un pas important dans la recherche d’un emploi. »
allez-vous abandonner ce travail lorsque les touristes reviendront à Bruges?
« Je n’ai pas l’intention de rouvrir ma maison d’hôtes dans un avenir tout proche. Même si c’est désormais autorisé, je préfère attendre de voir comment le redémarrage des autres établissements va se passer. En effet, ce ne sera pas facile pour les maisons d’hôte de s’adapter au nouveau public de Belges ne restant qu’une seule nuit. Pour l’instant, je travaille à temps partiel comme contact tracer, et j’espère pouvoir combiner les deux activités lorsque je rouvrirai mon établissement. »
Comme Bieke, vous cherchez un autre emploi?