« Le plafond de verre se fissure de plus en plus en Belgique », titrait L'Echo l'été dernier. Le journal s'est penché sur le nombre de mandats féminins sur Euronext Brussels. Ce pourcentage est passé à 27% en 2018 et a presque quadruplé en 10 ans. Un pas dans la bonne direction, mais l'égalité des sexes sur le marché du travail est loin d'être absolue, comme en témoignent diverses études. Qu'en est-il des travailleurs eux-mêmes? Les hommes et les femmes ont-ils des préférences différentes? Existe-t-il encore un métier « typiquement masculin » ou « typiquement féminin »?
plutôt vétérinaire qu'ingénieur (et inversement)
Une étude menée par Randstad en 2018 sur les métiers les plus attractifs indique clairement que les hommes et les femmes valorisent le travail différemment. Inutile toutefois de grossir ces différences : parmi les dix professions les plus attrayantes, on en dénombre pas moins de sept en commun.
Hommes et femmes se verraient bien ingénieurs, médecins, vétérinaires ou architectes, par exemple. Mais leurs préférences divergent sensiblement. Si le métier d'ingénieur arrive en tête chez les hommes, la profession de vétérinaire est n°1 chez les femmes. Les femmes préfèrent par ailleurs devenir kinésithérapeutes plutôt que professeures.
top 10 chez les hommes
top 10 chez les femmes
- ingénieur
- pharmacien
- médecin
- architect
- ingénieur logiciel
- chirurgien
- notaire
- professeur
- analyste en cybersécurité
- vétérinaire
- vétérinaire
- kinésithérapeute
- professeure dans l'enseignement supérieur
- ingénieure
- pharmacienne
- architecte
- chirurgienne
- médecin
- traductrice
- ingénieure logicielle
les hommes et les femmes sont-ils représentés de manière égale?
Si nous examinons de près le nombre d'hommes et de femmes qui exercent effectivement ces emplois attrayants, la réalité est tout autre. La moitié de ces professions semble être clairement « une histoire d'hommes »: ingénieur, ingénieur logiciel, architecte, chirurgien et notaire.
Les femmes occupent majoritairement les postes de pharmaciennes et de kinésithérapeutes. Les trois autres métiers du top dix sont plus équilibrés: médecin, vétérinaire et professeur.
Il n'en demeure pas moins que les professions prometteuses comme l'ingénierie et les métiers IT sont encore principalement masculines. On note une légère amélioration chez les ingénieurs: 15,8 % de femmes en 2018, contre 10,5 % en 2011. La profession de pharmacien, n° 2 au classement général, est majoritairement féminine. 72% des pharmaciens sont… des pharmaciennes.
Les femmes sont-elles moins susceptibles d'occuper des emplois attrayants? Les professions les moins attractives sont-elles réservées aux bastions féminins? Loin de là: 7 de ces emplois sur 10 sont des « métiers typiquement masculins ». On constate avec surprise que les professions les moins valorisées, qui figurent en bas du classement, sont assez similaires. Tant les hommes que les femmes relèguent la profession de chauffeur de taxi à la dernière place.
Le métier qui fait l'objet du plus grand écart d'appréciation? Astronome! Il y a ainsi toute une série de métiers qui sont considérés très différemment par les hommes et les femmes.
comment expliquer ces différences?
Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Ceci explique cela… non? Pas tout à fait. Selon la professeure Patrizia Zanoni (UHasselt et Université d'Utrecht), plusieurs causes structurelles définissent le clivage des genres. De nombreux secteurs sont depuis toujours dominés par des hommes ou par des femmes. Et il est difficile de modifier cette perception: un tel changement nécessiterait des ajustements, notamment quant aux processus de travail et à la culture organisationnelle.
Mais d'autres raisons expliquent pourquoi le top 10 des hommes et celui des femmes diffèrent sensiblement. Et pourquoi les « professions traditionnellement masculines » règnent sur la moitié du top 10 général.
les hommes et les femmes ne suivent pas les mêmes formations
La Commission européenne a publié son rapport national en 2018. Ce document met en garde contre la sous-représentation des étudiantes dans les filières scientifiques, mathématiques et statistiques (les formations dites STEM). À l'échelle internationale, la Belgique fait figure de mauvais élève. Ces professions axées sur la technologie, comme ingénieur (logiciel) par exemple, bénéficient pourtant d'un statut plus élevé et garantissent également une meilleure rémunération.
les femmes sont minoritaires sur le marché du travail
Le taux d'activité des femmes est plus faible (environ 62%) que celui des hommes (environ 72%). Elles sont également plus nombreuses à travailler à temps partiel (environ 42%, contre 9% des hommes en 2016) et à prendre un congé parental. Des reliquats du modèle du soutien de famille traditionnel, selon lequel la femme s'occupait des enfants et du ménage, tandis que l'homme rapportait l'argent. Conséquence? Les femmes obtiennent plus difficilement une promotion, parce qu'elles doivent rivaliser avec les hommes disponibles tout le temps.
les priorités des hommes et des femmes sont différentes
Qu'est-ce qui rend un métier attrayant? Pour répondre à cette question, l'enquête menée par Randstad se concentre sur cinq facteurs spécifiques: le salaire, l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle, les conditions de travail, la variété et le défi. On constate là aussi des différentes entre les sexes. Les hommes accordent un peu plus d'importance à la rémunération et aux défis dans le choix de leur profession. Il s'agit justement des facteurs qui satisfont les ingénieurs, ce qui explique la première place de la profession dans le classement masculin.
Les hommes et les femmes voient-ils donc réellement le travail différemment? Oui. Bien que l'écart se résorbe peu à peu. De nombreuses différences s'expliquent, par ailleurs, par des raisons historiques ou socioculturelles. Ce qu'il faut retenir? Il y a plus de similitudes que de différences: nous aspirons tous à exercer un métier qui offre un équilibre entre ces principaux facteurs d'attrait.
Et pour le dénicher, rendez-vous chez Randstad!