On a parfois l'impression qu'une start-up a réussi dès qu'elle est parvenue à réunir plusieurs millions. Pourtant, son attractivité sur le marché du travail est aussi importante que sur le marché des capitaux.
"Les start-up, surtout lorsqu'elles enregistrent une forte croissance, sont souvent trop peu critiques vis-à-vis des candidats à l'embauche." Koen Dewettinck, professeur en gestion des ressources humaines à la Vlerick Business School
Une start-up? C'est ainsi que l'on pourrait qualifier Silverfin. Une entreprise disruptive? Oui, aussi: l'entreprise offre aux experts-comptables une solution cloud qui automatise l'ensemble de leurs processus. Ce produit permet à Silverfin d'attirer des clients et des moyens supplémentaires. La société gantoise a récemment bénéficié d'une injection de 4 millions d'euros de la part du fonds de capital-risque Index Ventures.
Silverfin, qui a récemment ouvert un deuxième bureau à Londres, parvient-elle néanmoins à attirer les collaborateurs adéquats? "Nous nous reposons énormément sur nos collaborateurs", répond Anabel De Vetter, sa directrice marketing. "Ceci dit, nous devons bien reconnaître que notre activité, les 'logiciels pour comptables', n'enthousiasme pas les foules. Elle est parfois perçue comme trop complexe et ennuyeuse."
culture et engagement
"Plusieurs études traitent de la manière dont les start-up s'attaquent à leur image d'employeur et à leur recrutement", fait remarquer Koen Dewettinck qui, en tant que professeur en gestion des ressources humaines à la Vlerick Business School, s'est récemment rendu dans la Silicon Valley pour y observer les start-up de plus près. "Certaines se concentrent sur les compétences techniques, d'autres ne veulent attirer que les meilleurs en proposant des salaires énormes, d'autres encore tablent surtout sur la culture et l'engagement. Étonnamment, cette étude longitudinale révèle que ce sont ces dernières qui enregistrent les meilleurs résultats."
Pourquoi? Tout d'abord, l'investissement dans la culture est considérable dans le paysage californien des start-up, ce qui fait son attrait pour certains. Ensuite, la motivation collective de changer les choses constitue un facteur de réussite important. "Le défi technologique, mais aussi l'amour de la matière et la conviction de participer au changement font que les collaborateurs viennent travailler avec des objectifs précis en tête et le sentiment d'être utiles", analyse Koen Dewettinck.
pas de table de ping-pong
Anabel De Vetter souligne que Tim Vandecasteele et Joris Van Der Gucht, les fondateurs de Silverfin, parviennent effectivement à susciter et conserver l'enthousiasme de chacun sur les changements en cours dans l'univers des comptables. Simultanément, elle sait qu'une partie de l'attrait de la start-up est liée à son caractère atypique: "Grâce à notre grande base de clients, nous pouvons fonctionner sur fonds propres. C'est attrayant pour de nombreuses personnes qui ne s'engagent pas avec une entreprise s'il y a trop d'incertitudes."
"Nous ne voulons pas nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas", prévient la directrice marketing. "Nos résultats sont très intéressants et c'est vraiment plus important que l'image d'une start-up à la mode. Nous dégustons un cocktail ensemble chaque vendredi, nous avons des locaux agréables, nous aimons faire la fête et l'atmosphère qui règne ici est très agréable, mais nous voulons également nous entourer de collaborateurs ayant un certain sérieux, une vision forte. Nous n'avons pas de table de ping-pong: nous sommes en permanence au service de nos clients. Nous ne voulons pas ressembler à tout prix à telle ou telle start-up. Nous travaillons à la belge."
attitude et adéquation
Les start-up n'éprouvent en général guère de difficultés à attirer des collaborateurs: l'approche peu orthodoxe et la fraîcheur de l'entreprise en font pour beaucoup un environnement de travail très attirant, commente le professeur Koen Dewettinck. "Et plus vous attirez aisément des candidats, plus vous pouvez être critique dans la sélection. Dans ce domaine, on observe parfois un peu trop d'improvisation dans le chef des start-up. Surtout lorsqu'elles connaissent une très forte croissance, elles peuvent se montrer trop peu critiques vis-à-vis des candidats à l'embauche. Elles s'intéressent aux compétences techniques mais pas assez à l'attitude et à l'adéquation avec l'organisation. Lorsqu'on investit suffisamment de temps dans la sélection, on s'épargne des problèmes ultérieurs."
Chez Silverfin, il s'agit de conserver un équilibre. "Bien que l'innovation et les débuts soient sources d'un énorme enthousiasme, nous avons également besoin de profils qui ont bénéficié d'une formation de qualité et sont capables de discuter avec des clients en toute connaissance de cause", conclut Anabel De Vetter.
disclaimer
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