Le salaire et le lieu de travail restent importants, le télétravail est devenu incontournable et les employés modèrent leurs exigences vis-à-vis des employeurs. Jan Denys, expert du marché de l’emploi chez Randstad, nous présente les principaux résultats de l’étude Employer Brand Research 2022 et les confronte à la situation actuelle du marché.
quel est le résultat de l’étude Employer Brand Research 2022 qui vous a le plus surpris ?
« J’ai été étonné de l’importance accrue que les employés et les demandeurs d’emploi accordent au lieu d’implantation. Avec l’augmentation du télétravail, on aurait pu s’attendre à ce que cet aspect devienne quelque peu secondaire, puisque certains employés ne se rendent plus au bureau tous les jours. Comment expliquer ce phénomène ? Une raison possible est le retour des embouteillages après la pandémie. Ce n’est en tout cas pas une bonne chose pour les entreprises, car cela met une sourdine à leurs espoirs de voir diminuer l’importance de l’emplacement et s’élargir dans le même temps leur champ de recrutement. Or, ce champ semble au contraire se rétrécir. »
dans cette optique, que nous apprend l’étude sur le télétravail ?
« Les entreprises ne peuvent plus se permettre de négliger la question du télétravail. On peut estimer qu’un score de 37 % de personnes estimant ce critère important n’est pas si élevé. Mais il l’est en réalité, car le télétravail ne s’applique pas à tout le monde. Si son importance diffère selon les groupes de fonctions, il n’empêche que chaque entreprise peut aujourd’hui prendre des mesures en ce sens. C’est donc devenu un outil incontournable pour renforcer la marque employeur. »
la palme revient à la VRT en termes de marque employeur, Mediahuis et DPG Media figurent également dans le top 5. Pourquoi les groupes de médias obtiennent-ils de si bons résultats ?
« C’est en raison de l’ambiance de travail qui règne dans ces entreprises. Les employés et les demandeurs d’emploi sont réalistes : ils savent que le secteur des médias n’offre pas de salaires élevés. Si l’on sait que le critère "salaire et avantages" est le plus important dans tous les secteurs, cela place les médias dans une situation plutôt atypique. Les autres secteurs qui sortent du lot sont généralement ceux qui obtiennent de bons résultats sur plusieurs critères. La VRT est une entreprise très performante et a déjà terminé à la deuxième place dans le passé. Après notre enquête, le service public a annoncé de nouvelles mesures d’austérité. Ne soyons pas naïfs : si le timing avait été différent, le numéro deux, Pfizer, serait sans doute sorti gagnant cette année, vu le faible écart entre les deux. »
si l’on considère le contexte global, on se rend compte que le critère de la marque employeur obtient d’excellents résultats malgré les exigences plus élevées des salariés en ce temps de rebond économique. Comment expliquez-vous cela ?
« En temps normal, l’amélioration de la conjoncture entraîne une diminution de ce score, mais ce n’est pas ce que nous constatons aujourd’hui. On pourrait émettre l’hypothèse que la pandémie incite à une certaine prudence : les travailleurs et les candidats modèrent leurs revendications. Lorsque nous avons interrogé les participants, l’inflation était de retour et le conflit en Ukraine semblait imminent. On dirait que cette situation a incité les gens à revoir leurs attentes à la baisse. »
le marché de l’emploi est actuellement confronté à une pénurie. Autrefois, une telle situation incitait les entreprises à soigner leur marque employeur. Est-ce toujours le cas ?
« Les entreprises qui doivent encore s’y atteler ne pourront plus contrer la pénurie actuelle. Miser sur la valorisation de sa marque employeur pour pourvoir plus rapidement les postes vacants n’est pas la stratégie la plus intéressante. Il s’agit d’un processus à long terme. C’est un travail long et patient qui n’est pas toujours couronné de succès et demande des efforts constamment renouvelés. Vingt ans après le lancement de l’étude, on s’aperçoit que la plupart des entreprises font des efforts dans ce domaine. Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour commencer, mais si l’on veut faire face à la pénurie actuelle, il vaut mieux miser sur sa stratégie de recrutement. »
Vous souhaitez obtenir des informations plus détaillées sur l’étude ? Consultez ici l’Employer Brand Research 2022.