Agoria a identifié les grandes tendances qui dicteront l'évolution du marché du travail jusqu'en 2030. Étonnant: alors que les actualités baignaient jusqu'il y a peu dans un pessimisme profond de disparitions d'emplois, la fédération technologique brosse un tableau plus nuancé… et surtout positif. Pour chaque job qui sera perdu, 3,7 nouveaux postes seront créés. Non pas malgré, mais grâce à la numérisation.
"D'ici à 2030, nous enregistrerons une création nette de 630.000 emplois." - Marc Lambotte, CEO d'Agoria
Marc Lambotte (Agoria) synthétise les principales conclusions de l'étude: "D'ici à 2030, nous enregistrerons une création nette de 630.000 emplois. Le problème est que le nombre de profils disponibles sur le marché du travail ne suffira pas pour pourvoir à tous ces postes vacants. Nous devons néanmoins saisir cette chance, car elle représente une croissance du PIB de 95 milliards d'euros rien que pour l'année 2030."
que peut faire le gouvernement?
Agoria insiste sur une série de mesures que peut prendre le gouvernement pour répondre à cette évolution: les personnes qui sont actives aujourd'hui doivent se perfectionner, voire se recycler de manière proactive; ceux qui ne travaillent pas doivent bénéficier de mesures d'activation; et il est nécessaire de mettre en œuvre une gigantesque migration économique.
Enfin, la sortie de l'enseignement doit être plus adaptée aux besoins réels du marché du travail. La combinaison de ces interventions peut limiter le nombre de chômeurs à son niveau "naturel" de 108.000 personnes d'ici à 2030, soit 2% du marché du travail actif.
que peuvent faire les employeurs?
Les employeurs et les gouvernements doivent offrir à chacun la possibilité de se préparer au marché du travail de demain.
"Chez Agoria, nous gérons des centres de formation pour les professions techniques en collaboration avec les syndicats", illustre Marc Lambotte. "Mais nous devons simultanément faire en sorte que les travailleurs soient conscients de la nécessité de se perfectionner ou de se recycler à court terme. Il est également possible de développer des initiatives au sein des entreprises, avec des formules telles que la formation en alternance."
et les salariés?
Nous portons une responsabilité individuelle: chacun doit saisir les opportunités qui lui sont offertes. "Les travailleurs acceptent encore trop peu les nombreuses possibilités de formation que leur proposent les entreprises. Ici comme ailleurs, tout commence par un processus de sensibilisation. Des notions comme 'activation' et 'allongement des carrières' sont toujours chargées d'une connotation négative. Mais si on les précise, il est possible de motiver des salariés à investir dans leur carrière. Celles et ceux qui ne peuvent pas travailler, quelle qu'en soit la raison, doivent pouvoir compter sur le soutien le plus solide. Mais tous ceux qui peuvent travailler doivent le faire."
l'avenir est prometteur
Marc Lambotte entrevoit surtout une gigantesque porte ouverte: "L'avantage d'une étude comme la nôtre est qu'elle décrit l'avenir de manière parfaitement claire. Nous faisons face à un défi relativement important, mais il existe des solutions. Si chacun assume ses responsabilités, nous pourrons réaliser de très belles choses ensemble. Ces 95 milliards d'euros par an représentent par exemple plus de 16% du PIB actuel. Nous en tirons tous profit."