Selon une étude de la fédération technologique Agoria, la numérisation aura une incidence énorme sur le marché de l'intérim d'ici à 2030. Bonne nouvelle: jusqu'à 630.000 emplois supplémentaires seront créés. Revers de la médaille: les personnes qui exécutent de simples tâches administratives, ainsi que les ouvriers manuels sans compétences techniques, peineront à trouver un emploi. Comment le secteur de l'intérim gèrera-t-il cette nouvelle réalité?
Ces conclusions surprennent à peine Jan Denys (Randstad). “Je n'entrevois pas de problème majeur car les faits révélés par l'étude ne sont pas neufs. La demande de travail manuel réservé aux personnes peu qualifiées est en baisse depuis plusieurs décennies déjà. Or, ce paramètre n'a qu'à peine freiné l'évolution du travail intérimaire.”
Ceci étant dit, il est clair que le marché de l'intérim doit s'adapter de manière proactive au marché de l'emploi. Là non plus, rien de nouveau sous le soleil.
“Nous ne devons plus nous concentrer sur l'industrie. Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer toutes les niches que nous avons développées autour des profils médicaux ou dans les services, par exemple.”
pas à pas
“Même si la numérisation entraîne la disparition d'emplois, celle-ci sera progressive”, affirme Jan Denys. “En tant qu'agence d'intérim, nous nous devons de réagir à cette tendance et de saisir les opportunités qu'elle crée.”
Autrement dit, dès que le marché l'exige, le secteur crée de nouvelles spécialités. Tout comme il y a 13 ans, avec le lancement des titres-services. Les agences d'intérim avaient alors été les premières à monter au front.
perspectives d'avenir
Randstad entrevoit davantage de chances que de défis, en l'occurrence. Bien que Jan Denys ajoute une nuance au sujet de l'étude Agoria: “Ils affirment que 3,7 emplois seront créés pour chaque emploi qui disparaît. Je me demande si ce n'est pas trop optimiste. Il n'y a pas si longtemps, on prévoyait surtout une perte considérable d'emplois à la suite de la numérisation. Mais si ces informations sont correctes, ce sont autant de perspectives nouvelles!”
Dans ce contexte, Jan Denys pointe le fait que notre marché de l'emploi compte de moins en moins de personnes faiblement et moyennement qualifiées, et de plus en plus de personnes hautement qualifiées.
“À terme, cette catégorie représentera jusqu'à 60% des profils. Le marché de l'intérim devra s'adapter.”
la formation est essentielle
Il est néanmoins un point sur lequel Jan Denys s'accorde avec Agoria: de nombreux profils faibles devront se former pour obtenir un meilleur accès au marché de l'emploi. “Mais les possibilités existent. Pensez au service aux particuliers (aide-ménagère, notamment) et aux emplois dans l'horeca. Le secteur de l'intérim organise déjà de brefs parcours de formation qui débouchent rapidement sur des offres d'emploi.”