Toon Decloedt est devenu free-lance par hasard – même si durant toute sa carrière, cet esprit libre n'accepta jamais d'être enfermé dans une fonction. Depuis 2002, il se construit un nom en tant que manager intérimaire spécialisé dans de grands projets de changement et de restructuration. Avec plusieurs collègues, il a également fondé le groupement d'intérêts Fedipro.
« Il est arrivé à tout le monde de se retrouver un mois ou deux sans mission. Il faut apprendre à profiter de l'accalmie » - Toon Decloedt, fondateur de Fedipro, groupement d'intérêts pour les indépendants
« Fedipro sort lentement de terre, essentiellement parce que nous sommes tous très occupés », explique Toon Decloedt Avec Fedipro, nous voulons offrir aux indépendants et aux entreprises une façon de se rencontrer directement. Le deuxième objectif est d'acheter ou de louer ensemble des services. Nous pouvons par exemple développer un secrétariat central ou acheter du matériel informatique sous forme coopérative. Enfin, nous souhaitons intervenir en tant que fédération en vue d'améliorer la position de l'indépendant sur le marché du travail, en matière de pension par exemple. Fedipro fait d'ailleurs partie au travers de l'EFIP (European Forum of Independent Professionals) d'une association européenne d'indépendants sans personnel.
Ce statut est-il une étape préalable avant de franchir le pas ?
« Certainement pas. Il faut franchir le pas à partir de la conviction qu'on a quelque chose à offrir, qu'on peut être une solution – en communication, dans la rédaction de textes, dans la concertation sociale ou quoi que ce soit d'autre. Et de la conviction qu'on peut s'amuser dans cette matière. Il faut aussi avoir construit un bagage suffisant.
Les gens doivent avoir suffisamment confiance en soi et se rendre compte qu'il arrive à tout le monde de rester un mois ou deux sans mission. J'ai connu cela moi aussi : il faut apprendre à profiter de cette période, car elle se termine plus vite que prévu et vous vous lancez alors aussitôt dans un projet qui vous occupe totalement. »
Quels arguments peut-on opposer à l'incertitude quand les personnes vous demandent conseil ?
« Le vrai avantage au statut de free-lance ou de manager intérimaire réside dans le choix des projets qui correspondent à votre motivation, à vos compétences, à vos talents. Vous choisissez ce qui vous passionne. Du fait que j'arrive dans une entreprise en ayant déjà une certaine crédibilité et que je ne représente pas une menace pour la direction, j'ai souvent plus d'impact en tant que manager intérimaire qu'un directeur régulier. Par ailleurs, de par mon statut, je suis au-dessus de la mêlée, j'embrasse donc plus facilement les schémas et les solutions. »
Faut-il des free-lances à chaque niveau, de l'opérationnel au stratégique ?
« J'en suis convaincu. Les indépendants et free-lances offrent une réponse importante à la demande de flexibilité du marché du travail, du fait précisément qu'ils sont employés pour un projet spécifique de durée déterminée et ensuite disparaissent. L'avantage pour l'entreprise est qu'elle attire le talent et l'expertise à haut niveau qu'elle ne trouverait pas autrement. L'avantage pour l'intérimaire réside dans l'intérêt du projet. »
N'est-ce pas possible pour un salarié ?
« Certaines entreprises parviennent à créer cette atmosphère mais, souvent, elles ont des structures classiques où l'entreprenariat n'est pas encouragé. Je ne me suis jamais ennuyé quand j'étais salarié. Dès que cela arrivait, je partais. »