Bien que la discrimination – ou l'incitation à la discrimination – soit illégale, les groupes minoritaires y sont encore régulièrement confrontés dans le monde du travail. Parfois, il s'agit d'un comportement discriminatoire subtil ou même inconscient, mais l'expérience n'en est pas moins douloureuse. Des chercheurs du centre SEIN de l'UHasselt ont identifié les mécanismes de la discrimination au travail. Ils utilisent la réalité virtuelle pour présenter leurs résultats au public.
La chercheuse Sandra Bogaers explique : « Diverses études internationales nous ont déjà beaucoup appris sur les préjugés et les comportements discriminatoires auxquels sont confrontées les personnes porteuses d'un handicap au travail. Souvent, ces études ne prennent pas en compte le caractère particulièrement hétérogène de chacun de ces groupes. Nous avons souhaité apporter un changement dans ce domaine avec le projet de recherche FSE « Talent Above Prejudice ».
L'équipe de recherche SEIN de l'UHasselt et POM Limburg ont collaboré pour étudier la discrimination des groupes minoritaires dans les organisations flamandes. Sandra Bogaers: « Nous nous sommes entretenus avec des personnes touchées personnellement par la problématique, des employeurs, des organisations de défense d'intérêts et des syndicats. Au fil de 80 interviews approfondies, nous avons pu établir une image très nuancée de chaque groupe et de la manière dont les préjugés et la discrimination peuvent se manifester dans le contexte du travail. »
parfois subtile ou involontaire
On oublie souvent que la discrimination sur les lieux de travail n'est pas toujours directe, ouverte ou délibérée. Elle s'exprime parfois au travers de petites formes d'exclusion ou est même totalement involontaire. Sandra Bogaers : « Des petites blagues répétées au sujet des origines d'un travailleur, donner systématiquement une charge de travail plus légère à un collègue qui souffre d'un handicap au travail… Même s'il peut y avoir une bonne intention à la base, le travailleur concerné sera chaque fois à nouveau confronté au fait que ses collègues le voient autrement.
En d'autres termes, il ne s'agit pas toujours de savoir s'il y avait une intention réelle de discrimination.
«Dans le contexte de #MeToo, un débat similaire a porté sur le harcèlement sexuel : la faute est-elle moindre s'il n'y avait pas de mauvaises intentions au départ? Une première étape pour éliminer la discrimination involontaire est d'être conscient des préjugés et des stéréotypes. Ne vous contentez pas de supposer qu'une personne malvoyante ne peut pas rédiger des rapports ou qu'une personne issue de l'immigration a un niveau de formation inférieur. Ces préjugés sont précisément un terreau fertile pour les comportements discriminatoires.» - Sandra Bogaers.
Les chercheurs ont souhaité utiliser les résultats de leur étude à grande échelle pour fournir matière à réflexion aux employeurs, aux travailleurs et aux professionnels des RH. La réalité virtuelle leur a fourni une excellente technique à cette fin.
«Grâce à des lunettes RV, vous jouez le rôle d'une personne souffrant d'un handicap au travail ou issue de l'immigration, et vous vous retrouvez victime d'une discrimination ou de préjugés. Tout comme dans la vie réelle, l'expérience virtuelle sera gravée dans votre mémoire et aura davantage d'impact sur vous qu'un long discours.»
le recruteur sur la sellette
Sur la base des résultats de l'étude, une simulation a été développée pour l'outil destiné à permettre aux membres des deux groupes cibles d'expérimenter personnellement la discrimination.
«Vous êtes mis dans une situation où, en tant que senior manager qui doit utiliser un fauteuil roulant, vous et votre collègue allez présenter un projet important à un client. Mais dès votre arrivée dans cette entreprise, vous êtes traité différemment de votre collègue. Par exemple, tout le monde a tendance à s'entretenir avec votre collègue plutôt qu'avec vous et les conversations se passent littéralement au-dessus de votre tête. Dans le deuxième scénario, en tant que femme issue de l'immigration, vous vivez votre première journée de travail chez un nouvel employeur. Tout le monde se met spontanément à vous parler en anglais. Chacun part en effet du principe que vous ne comprenez pas le français.»
Après la séance avec les lunettes RV, les participants sont invités à partager leurs expériences.
« Au cours de plusieurs séances pilotes avec des employeurs, il est apparu immédiatement que chacun définit différemment les limites de la discrimination. Mais ce qui a surtout frappé, c'est le fait que des comportements motivés par les meilleures intentions peuvent aussi être perçus comme discriminatoires. On nous a parfois demandé si les exemples n'étaient pas exagérés. Nous aimerions que ce fût vrai. Malheureusement, les préjugés sont encore monnaie courante. Toutes les situations simulées avec la RV ont été vécues dans la réalité par des témoins de notre recherche. »
Chez Randstad, nous adoptons résolument une approche axée sur les talents des candidats, quels que soient leur origine ethnique, leur sexe, leur âge, leur orientation sexuelle, leur préférence sexuelle, leurs convictions politiques ou autres, leur état de santé, leur handicap, etc. Vous désirez en savoir plus sur la manière de lutter contre la discrimination au travail ou lors du recrutement et de la sélection?
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