Le middle manager est souvent la principale victime des réorganisations d'entreprises. Son rôle est pourtant fondamental dans toute société. Selon l'expert en leadership Jesse Segers, le cadre intermédiaire en est même le véritable CEO.
"Le cadre intermédiaire n'est pas un permafrost ou une couche d'argile contre lesquels viennent s'échouer les nouvelles idées" - Jesse Segers, expert en leadership et recteur de Sioo (organisation interuniversitaire néerlandaise)
Le middle manager remplit un rôle crucial entre l'encadrement supérieur et le terrain. Il détermine ce que fait réellement l'entreprise et traduit sa stratégie en actions concrètes. "Il convient cependant d'établir une distinction importante entre le rôle et la fonction du cadre moyen", prévient Jesse Segers. Jusqu'il y a peu professeur à l'Antwerp Management School, il est le nouveau recteur de Sioo, une organisation interuniversitaire néerlandaise spécialisée dans l'art du changement et le leadership.
"Le middle manager joue plusieurs rôles. De par sa position, il a accès à une grande quantité d'informations. Celles-ci proviennent de l'encadrement supérieur, des collaborateurs, des clients, etc. Avec ce feed-back, le cadre intermédiaire doit constituer sa vision personnelle de la direction stratégique que doit adopter l'organisation. Les middle managers peuvent ainsi apporter une valeur ajoutée aux processus et à l'entreprise. C'est leur rôle de synthétisation de l'information."
écouter toutes les parties
Selon Jesse Segers, le deuxième rôle du middle manager, celui de facilitateur de l'adaptabilité, consiste à créer un espace adaptatif pour expérimenter. "Considérez le cadre intermédiaire comme celui qui réunit plusieurs groupes. Il compose lui-même des équipes, met sur pied des business cases et tire les conclusions des résultats. Son 'multilinguisme' est essentiel: il doit pouvoir écouter toutes les parties. Les recherches démontrent que l'exercice de ce rôle rend l'organisation plus résistante aux chocs externes."
Enfin, il s'agit de coupler les expériences provenant de milieux informels, locaux, au système formel dominant. "Le middle manager doit donc demander à ses patrons un mandat pour déployer les business cases à grande échelle. Pour ce faire, il devra 'pitcher' ces stratégies alternatives et convaincre la direction de leur importance pour toute l'organisation. Dans ce troisième rôle, tout aussi crucial, le cadre moyen est le promoteur d'alternatives."
le middle manager est indispensable
Auparavant, le rôle de cadre intermédiaire était assuré par une personne. Aujourd'hui, il peut être exercé par plusieurs personnes à différents moments.
"Mais ce rôle doit toujours être présent", prévient Jesse Segers. "La fonction du middle manager est souvent supprimée dans le cadre des réorganisations. Or, même dans les nouvelles formes d'organisations composées d'équipes en autogestion – comme les start-up – où il n'existe pas de fonction formelle, le cadre intermédiaire demeure indispensable."
Dans les structures organisationnelles plates, il ne semble plus exister de place pour le cadre moyen. "Il est pourtant déterminant dans le succès d'une organisation", insiste Jesse Segers. "Le middle manager est le véritable CEO de l'entreprise. Ce n'est donc non pas un permafrost ou une couche d'argile contre lesquels de nouvelles idées viennent s'échouer, mais un maillon dynamique vital qui garantit la mise en pratique de la stratégie de l'entreprise. Si l'encadrement supérieur est ouvert à ses remarques et propositions, le middle manager apportera une contribution essentielle à l'innovation et à l'efficacité au sein de l'entreprise."